Le « clic » et le danger du confort spirituel

Tony Moubarak

Jérusalem, 19 octobre. Tony Moubarak est co-directeur de l’agence de voyages Twin Tours et membre de la Jerusalem Evangelical Alliance Church, où il prêche régulièrement.
Nous le connaissons depuis plusieurs années : d’abord à travers les Montées de Jérusalem, puis aujourd’hui dans le cadre des Marches sur le chemin d’Emmaüs, organisées par JC2033.

Lors du culte de ce dimanche, Tony a prononcé une remarquable prédication sur le danger du confort spirituel dans notre monde moderne — ce temps du « clic » où tout s’obtient instantanément — et sur l’appel du Christ à une vigilance renouvelée.
Il nous a semblé bon de la partager, tant elle éclaire notre marche de foi et notre vie quotidienne de disciples.

Une époque du « clic » et de la facilité

Notre époque, façonnée par la technologie et la recherche de l’immédiateté, privilégie le confort et la rapidité.
Un simple « clic » suffit pour tout organiser : réserver un vol, une voiture, un hôtel.
Si cette modernité a ses avantages, elle nous entraîne insensiblement vers une paresse spirituelle. Nous cherchons la commodité dans tous les domaines, et ce réflexe s’installe aussi dans notre relation avec Dieu.

Pourtant, si le repos du corps est nécessaire, celui de l’âme devient dangereux lorsqu’il nous éloigne de la prière, de la vigilance et de la communion avec le Seigneur.
Tony Moubarak invite à discerner la différence entre le repos selon le monde, qui endort, et le repos en Dieu, qui fortifie. Il montre, à travers plusieurs récits bibliques, que le relâchement spirituel après une victoire ou un succès est un moment critique, où le croyant peut facilement chuter.

Quand la prospérité fragilise la foi

Dans l’Ancien Testament, plusieurs figures illustrent ce danger.

Noé, déclaré juste et fidèle au milieu d’une génération corrompue, trouve grâce devant Dieu. Mais après le déluge, il se relâche : il plante une vigne, s’enivre et s’expose au déshonneur. Même après un grand accomplissement, la vigilance reste indispensable.

Abraham, « ami de Dieu », obéit à l’appel du Seigneur et quitte son pays dans la foi. Pourtant, lorsqu’il tarde à voir la promesse s’accomplir, il cède à la voix humaine de Sara et cherche par ses propres moyens à réaliser la promesse. Ce désir de solution « confortable » l’éloigne de la pleine confiance en Dieu.

Moïse, prophète et libérateur d’Israël, connaît lui aussi un instant de faiblesse. Dieu lui demande de parler au rocher pour en faire jaillir l’eau, mais il le frappe deux fois dans un moment de colère. Ce geste d’impatience lui coûtera l’entrée en Terre promise. Après tant de victoires, un seul écart suffit à ternir une vie de fidélité.

David, enfin, en est un exemple frappant. Au lieu d’accompagner ses troupes au combat, il reste dans le confort de son palais. De cette oisiveté naît la tentation, puis le péché avec Bethsabée. Son repos devient faiblesse, et sa faute entraîne des conséquences tragiques pour sa famille et son royaume.

Même les plus grands — Samson, Salomon, Élie — ont été piégés par le relâchement : l’un par l’amour, l’autre par la richesse, le troisième par la lassitude. Ces récits nous rappellent que la chute survient souvent lorsque tout semble aller bien.

L’exemple du Nouveau Testament

Pierre suit la même pente : plein de zèle, il promet à Jésus de ne jamais le renier. Mais, à Gethsémané, il ne parvient pas à veiller une heure, puis renie son Maître.
Le Christ seul demeure fidèle et capable de relever ceux qui tombent.

Le joug du Christ devient alors une image centrale de la vie spirituelle.
Jésus dit : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués… Prenez mon joug sur vous. »
Le joug, taillé à la mesure du bœuf, permettait de tirer la charrue sans douleur. Ainsi, le joug du Christ est doux et léger, parfaitement ajusté à chacun de nous. Il ne blesse pas, il guide.
Nous avons le choix entre le joug du monde, dur et oppressant, et celui du Christ, qui apporte paix et amour.

Dans la parabole du grand dîner (Luc 14), Dieu invite les convives, mais tous trouvent une excuse :
l’un a acheté un champ, un autre des bœufs, un troisième vient de se marier.
Ces prétextes symbolisent nos attachements au monde : les biens, les affaires, les plaisirs.
Les dons prennent la place du Donateur.
Alors Dieu invite les pauvres, les boiteux, les aveugles — ceux qui savent qu’ils ont besoin de Lui. Ce sont eux qui goûtent la vraie communion.

Les signes du relâchement spirituel

Ils sont faciles à reconnaître : la prière s’affaiblit, la lecture de la Parole diminue, le culte devient routine, la louange perd sa ferveur.

Peu à peu, le péché regagne du terrain.
« Soyez sobres, veillez », dit l’apôtre Pierre, « car votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant. »

Comment éviter ce piège ?
En revenant sans cesse à la Parole — notre manne quotidienne — et à la communion avec Jésus — le pain de vie.
En recherchant la présence de l’Esprit Saint, qui nous rend capables de dire non aux désirs de la chair et de marcher à contre-courant.

Tony compare le cœur humain à deux types de puits : la citerne, creusée par l’homme, qu’il faut sans cesse réparer et qui finit par fuir ; la source vive, alimentée de l’intérieur, qui ne tarit jamais.

Le premier symbolise nos efforts humains pour entretenir la foi ; le second, la vie de l’Esprit qui jaillit d’une relation vivante avec Dieu.

Enfin, Tony insiste sur l’importance de la communion fraternelle : c’est dans l’Église, dans le partage et la prière commune, que le cœur reste éveillé.

Conclusion : rester vigilants

Nous vivons dans un monde pressé, où chaque minute perdue est une occasion manquée.
Le plus grand danger pour le croyant n’est pas la souffrance, mais le relâchement.
Après une victoire ou une bénédiction, il faut rester humble et éveillé.

Tony conclut en affirmant que le Seigneur est le secret de notre vie, en qui nous pouvons nous réfugier. Nous avons à tourner nos regards vers lui plutôt que vers nous-mêmes ou vers les autres. Que nos coeurs soient affermis et qu’aucune excuse ne nous fasse refuser son invitation!


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